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Les Portraits du houblon

Extrait de l’article «Cinq siècles d'Illustration Botanique» publié en le Journal de Genève, numéro 94, le 21-23 avril 1962,par Charles Baehni directeur du conservatoire botanique de Genève.


A cette époque encore on coloriait à la main les tirages en noir ou en sépia. Cependant, la recherche de procédés moins couteux fit découvrir la lithographie en couleur, et l’on vit les ouvrages de botanique se remplir d’images au contour vaporeux, aux couleurs impénétrables, épaisses, d’une lourdeur insupportable. Et pourtant, il n’est que d’admirer un instant, les lithographies en couleurs que Gavin Bone a dessinées et peintes pour le livre de J. Brooke, The wild orchids of Britain (1950) pour être assuré que le procédé recèle encore d’immenses possibilités ; mais c’est une exception.

Maniée par les mains d’artistes, la photo, en noir d’abord puis en couleurs, a pu quelquefois rendre des services surtout dans les ouvrages de floristique, ou d’anatomie, ou encore de physiologie. Mais il est si facile et si peu coûteux de presser sur un bouton que chaque botaniste peut se croire artiste. Hélas ! On est en général loin de compte : il y a trop de choses sur une photo, tous les grains de sable, tous les brins d’herbe aussi, qui brouillent l’image, ce fameux et indésirable «instantané», et la trame qu’on est obligé d’interposer pour clicher, rend le dessin flou quand on l’examine à la loupe.

C’est pourquoi, actuellement, les meilleures illustrations son faites en partant d’un dessin au trait, exécuté à la plume et à l’encre de Chine, dessins qui sont reportés photographiquement sur zinc et qui, traités  d’une manière semblable à l’eau forte, donnent d’excellents clichés. Quand on a la chance d’avoir de bons artistes (Stella Ross-Craig est certainement l’une des meilleures représentantes de cette école) on obtient des résultats comparables à ceux des meilleures graveurs des XVI et XVIIe siècles et ce procédé a l’avantage de permettre la reproduction des images en quantité suffisante pour les grands tirages.

Le goût moderne pour un art dépouillé des fioritures qui enchantaient nos pères influence sans doute les artistes actuels. Nous avons déjà cité G. Born pour la litho en couleur,  S.Ross-Craig pour le dessin au trait. Il faudrait encore attirer l’attention sur l’art du graveur Roger Descombes, dont une centaine d’images de fleurs, réunies  au Cabinet des estampes, témoignent de la vitalité de la gravure sur cuivre, tandis que  Ch. Poluzzi, maître de l’aquarelle, démontre avec autant de bonheur que cet art ancien est encore extrêmement vigoureux. Mais la gravure comme  l’aquarelle demandent à être transposées pour pouvoir être offertes au grand nombre et, s’il est certain que  les techniques modernes de l’impression en couleur permettent de s’approcher de l’original elles ne l’égalent pas encore complètement.

 

 

 

 

                                             Gravure de Roger Descombes

Charles Baehni -Directeur du Conservatoire botanique de Genève