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AU CABINET DES ESTAMPES Une Remarquable Exposition: « Plantes et Fleurs »

Article de journal qui parut suivant le vernissage de l'exposition plantes et fleurs au Cabinet des Estampes de Genève qui eut lieu du 31 mars au 28 avril 1962.


Vendredi soir, au Cabinet des Estampes, un très nombreux public assistait au vernissage de l’exposition de MM. Roger Descombes et Charles Poluzzi, présentant respectivement une très belle série de pointes sèches de fleurs et une remarquable collection d’aquarelles de champignons.

M. Bouffard, conseiller administratif, présenta les deux artistes et se réjouit de la collaboration de MM. Poluzzi et Descombes tant pour l’aide qu’ils apportent ainsi au Musée botanique que pour l’apport appréciable qu’ils donnent au Musée d’art et d’histoire. M. Bouffard souligna que Roger Descombes a gravé directement sur cuivre les magnifiques planches qu’il présente, cela sans esquisse préalable. De Charles Poluzzi, il souligna la minutie, l’observation raffinée et la précision extraordinaire qui font de lui un artiste vraiment remarquable.

M. Baehni dit tout l’intérêt que présentent ces œuvres pour la science et combien sont nécessaires- malgré la perfection actuelle de la photographie- ces gravures et aquarelles qui parviennent à faire sentir ce que la pellicule ne saurait enregistrer.

Les aquarelles de cryptogames de M. Poluzzi forment une collection d’images merveilleuses par la précision du trait et par la délicatesse nuancée de leurs teintes. Il s’agit là de documents à peu près sans précédent, tant dans l’histoire de l’art que dans les anales de la science. M. Poluzzi n’est pas seulement un miniaturiste de très grand talent, c’est également un observateur passionné de la nature qu’il sait rendre avec une fidélité et une sensibilité merveilleuses ; Poluzzi ne copie pas la nature, il la crée avec une finesse étonnante, tout en se jouant des difficultés nées, en général, de l’emploi de l’aquarelle. Les teintes de ces peintures sont d’une délicatesse étonnante et savent rendre aussi bien le velouté de certains hygrophores que la rudesse des écailleux. Malheureusement, et beaucoup le regretteront, ces superbes aquarelles ne sont pas à vendre.

L’art consommé de graveur de Roger Descombes laisse stupéfait l’amateur comme le professionnel. En effet, l’artiste travaille « sans filet », grave d’une main parfaitement sûre dans la feuille de cuivre sans même l’aide d’une esquisse, d’un dessin. Mais la performance de Descombes ne s’arrête pas là.

La finesse du coup de burin n’a d’égale que la reproduction des couleurs des fleurs et la précision du moindre détail. Ces gravures, tant par la subtilité du trait que l’originalité du dessin, ne sont pas sans faire penser à certaines peintures chinoises du meilleur goût. Elles allient en un mot la rigueur scientifique à l’impulsion artistique avec un très grand bonheur.

J-J. M. Tribune de Genève, avril 1962.