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EXPOSITION ROGER DESCOMBES

Article sur l’exposition à la galerie de Madame Pierre Cailler « La Gravure» avec une analyse utile de la méthode de travailler de l’artiste.


le soleil noir image for aricle on the exhibition at Pully, 1971

Roger Descombes est jusqu’au 10 juillet l’hôte de la galerie «La Gravure», à Pully.

Il s’agit sans conteste d’une très grande exposition, grâce à laquelle les cinquante pointes sèches exposées sont synonymes de pureté.

Pureté dans la forme, d’abord : Descombes qui, au départ, ne sait jamais ce qu’il adviendra de son cuivre, se laisse guider par son subconscient, une forme en amenant une autre, une ligne en appelant une seconde. Il y a  dans la gravure de Descombes une imbrication de formes qui fait de son dessin un tout parfaitement homogène : la planche se lit sans qu’intervienne aucune rupture de rythme, elle est à l’image de l’œuf à la forme parfaite.

Pureté dans le message, ensuite : Descombes, une fois gravées les premières lignes tracées presque au hasard, en toute liberté, voit surgir de ces premiers traits une idée, une signification, un thème. Des lors, il n’a plus qu’a laisser sa main courir sur le cuivre. Le dessin est en lui, il le voit comme s’il était sur le cuivre et que la pointe n’ait plus qu’à repasser sur le trait. De là vient le surréalisme dans l’œuvre de Descombes : une grande liberté ou mieux ; une liberté totale alliée à une expression née des pensées accumulées au cours de tous les instants.

On retrouve dans les planches de Descombes les grands thèmes qui ont préoccupé l’homme dès son origine et qui font l’essentiel de l’œuvre de Pascal : la vie et la mort, ce qui est et ce qui a été, la grande nostalgie du temps qui passe, la femme, symbole de pureté mais qui elle aussi, devra cheminer au travers des grandes réalités de la vie.

« Qu’on s’imagine un corps plein de membres pensants», disait pascal ; voilà, nous-semble-t-il, quel pourrait être le frontispice a l’œuvre de Descombes. Dès qu’il a commencé à graver, dès que l’idée est née, alors plus rien n’est gratuit chez l’artiste. Chaque geste porte en lui une signification profonde, d’autant plus forte que née de l’action même de graver et non préméditée.

Surréaliste, avons-nous dit ; symboliste, avons-nous laissé entendre ; il faudrait ajouter à ces qualificatifs à l’égard de Descombes : méditatif. Cette méditation est peut-être même le caractère essentiel de cette œuvre qui porte tout le poids de la destinée humaine, une destinée évoquée avec une probité éclatante et dans un esprit qui semble avoir puisé ses forces dans la sagesse orientale.

 

B.-P. Cruchet   (11 juin 1971)

B.-P.Cruchet